𝐔𝐧𝐞 𝐚𝐝𝐦𝐢𝐧𝐢𝐬𝐭𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐦𝐚𝐧𝐢𝐩𝐮𝐥𝐞𝐞, 𝐮𝐧 𝐩𝐚𝐲𝐬 𝐜𝐨𝐧𝐝𝐚𝐦𝐧𝐞.
Une nation ne se bâtit pas sur la ruse ni sur la peur. Elle se construit sur des institutions solides, une administration crédible et une justice impartiale. Or, quand l’administration devient un outil docile, manipulable et taillé sur mesure pour satisfaire les caprices d’un pouvoir, elle cesse d’être l’instrument du progrès et se transforme en machine à reproduire la médiocrité.
Une administration à courbeux, c’est-à-dire pliée, soumise et servile, ne peut produire que des résultats stériles. Car sa mission première servir le citoyen et impulser le développement est remplacée par une fonction de gardiennage des privilèges du régime. On n’y recrute plus les compétences mais les loyautés, on n’y promeut plus les méritants mais les courtisans, on n’y valorise plus la vérité mais le mensonge utile au maintien d’un système.
L’histoire récente de nos États africains, et plus particulièrement de la Guinée, en fournit la preuve implacable : chaque fois que l’administration a été utilisée comme une arme de domination, le résultat a été la faillite du pays. Routes inachevées, écoles abandonnées, hôpitaux sans moyens, agriculture délaissée, entreprises étouffées, voilà la facture d’une administration politisée et corrompue.
En Guinée aujourd’hui, le constat est encore plus accablant. Les départements stratégiques et sectoriels de l’administration publique sont détournés de leur mission républicaine pour devenir des instruments de propagande. Au lieu de s’occuper d’éducation, de santé, de justice sociale ou de développement économique, ces institutions sont enrôlées dans une campagne politique : vendre au peuple une nouvelle Constitution dangereuse.
On lui dit que ce projet est pour lui, qu’il mettra fin à la transition, qu’il ouvre la voie au progrès. Mais la vérité nue est autre : si ce n’est pas pour maintenir une personne au pouvoir à vie, pourquoi manipuler ainsi les institutions publiques et mobiliser toute l’administration comme une armée de propagande ? Une Constitution risquée, imposée dans ces conditions, n’est rien d’autre qu’un piège qui ne mène nulle part, sinon au prolongement de la servitude et de l’instabilité.
Un tel système n’a qu’un seul but : renforcer un pouvoir dictatorial. Mais dans ce jeu cynique, tout le monde perd. Le peuple perd sa dignité, les institutions perdent leur crédibilité, et même le pouvoir qu’on croyait consolidé devient prisonnier de ses propres artifices, condamné à gouverner dans la peur, à se barricader derrière la répression.
La vérité est simple et brutale : aucun pays ne peut se développer avec une administration capturée. Une administration dévoyée ne produit pas de vision, elle exécute des ordres. Elle n’inspire pas la confiance, elle suscite la méfiance. Elle n’ouvre pas les voies de l’avenir, elle ferme les portes du progrès.
Si nous voulons réellement sortir du cycle de la pauvreté et de l’instabilité, nous devons briser cette logique. Cela exige de redonner à l’administration son indépendance, son intégrité et sa mission originelle : servir le peuple, et non les calculs d’un clan.
Car le développement n’est pas une faveur accordée par un dictateur, c’est le fruit d’institutions solides, d’une gouvernance transparente et d’une administration professionnelle. Tant que cela ne sera pas compris, tant que l’administration restera un jouet politique, nous serons condamnés à revivre le même scénario : la médiocrité comme horizon et l’échec comme héritage.
𝐈𝐁𝐑𝐀𝐇𝐈𝐌𝐀 𝐊𝐀𝐋𝐈𝐋 𝐃𝐈𝐀𝐋𝐋𝐎 (𝐊𝐀𝐋𝐈𝐋 𝐋𝐄 𝐓𝐄𝐍𝐀𝐂𝐄)
𝐏𝐫𝐞𝐬𝐢𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐮 𝐌𝐨𝐮𝐯𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐑𝐞𝐧𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐜𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐅𝐨𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐏𝐚𝐭𝐫𝐢𝐨𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬