La communication autour d’une réception de billets de banque par une banque centrale est une grave erreur stratégique, car elle envoie des signaux négatifs sur la solidité du système financier national.
Atteinte à la confiance dans la monnaie
La force d’une monnaie repose avant tout sur la confiance. Lorsque la Banque centrale communique publiquement sur la réception physique de billets, cela donne l’impression que la liquidité dépend de cargaisons venues de l’extérieur. Un tel message alimente la perception d’une économie fragile, dépendante et instable. Or, dans un pays où la confiance est déjà érodée, il ne faut jamais ajouter un doute supplémentaire sur la capacité de l’institution monétaire à gérer son émission fiduciaire.
Risque de confusion entre émission monétaire et importation de billets
Dans l’esprit du grand public, l’annonce peut être interprétée comme une “fabrication d’argent” ou une “solution miracle” pour pallier les difficultés de trésorerie de l’État. Cela nourrit la méfiance et les rumeurs autour d’une éventuelle inflation ou d’un financement monétaire incontrôlé du déficit public. Un système financier solide doit au contraire projeter une image de maîtrise et de rigueur.
Affaiblissement de la crédibilité institutionnelle
Une banque centrale ne doit pas agir comme une entreprise de communication qui célèbre la réception d’un stock. Les grandes banques centrales (BCE, FED, BOE, BCEAO, etc.) ne communiquent jamais sur ce type d’opérations logistiques. Elles publient plutôt des rapports de politique monétaire, des indicateurs macroéconomiques et des prévisions de stabilité financière. En s’écartant de cette pratique, la BCRG se décrédibilise et donne l’image d’une institution mal gouvernée.
Signal d’incompétence et d’impréparation
Normalement, la gestion des stocks de billets est une opération de routine confidentielle, intégrée à la planification stratégique de la Banque centrale. Le fait d’en faire un sujet public démontre un manque de professionnalisme et d’anticipation, laissant penser que la BCRG agit dans l’urgence, sans stratégie à long terme.
Impact négatif sur l’économie réelle
Une telle communication peut provoquer des comportements irrationnels dans la population : retraits massifs, thésaurisation, spéculation contre la monnaie locale, voire ruée vers les devises étrangères. Loin de rassurer, ce type de message fragilise la stabilité financière et accélère la dollarisation de l’économie.
En résumé, une banque centrale doit communiquer sur la stabilité monétaire, la gestion de l’inflation, la confiance dans la monnaie et les réformes structurelles. Jamais sur la logistique liée aux billets.
La BCRG, en adoptant ce type de communication, démontre un manque flagrant de compétence et d’alignement avec les standards internationaux.
Bella BAH
Analyste financier
Activiste très indépendant
abbellabah@gmail.com